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Les chroniques de l'Extime

20 septembre 2013

Vie rêvée

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Aérer - Vider - Jeter - Epurer

Faire de la place pour le rien.

Vacance.

Infinies potentialités de ce qui a été dépouillé de l'inutile, du désuet, du creux.

Remplir de musique et de mots. S'en nourrir chaque jour, s'en faire un discipline quotidienne.

Se réjouir de la fête qui se tiendra demain : arpenter la forêt avec des enfants, jouer, récolter des bâtons et des cailloux.

Regarder, observer et mesurer. Photographier, peut-être.

Bouger son corps. Danser.

Mettre ses cordes vocales au repos et écouter ses soliloques intérieurs.

Ecrire un peu.

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19 septembre 2013

Celle qui danse

 

Il y a eu de nombreux plaisirs redécouverts pendant cet été hallucinant. 

Le plus fort a été celui de réaliser combien j'étais de ceux qui ont besoin de se réaliser par le corps et dans le corps. En juillet, j'ai pris une carte de 10 cours au nouveau centre sportif du coin de ma rue, j'y suis allée régulièrement et très motivée ; et je me souvenue combien la félicité pouvait surgir dans le simple acte de pousser la porte d'un cours de pilates. J'aime le rapport au corps qu'induit ce genre de discipline : attentif, en recherche d'amélioration, bienveillant.

Forte de cela, j'ai pris une inscription d'un semestre dans un cours de danse contemporaine hebdomadaire. C'est exactement le genre d'engagement que j'avais besoin de prendre en ce début d'année scolaire à la fois floue et remplie à ras-bord. Comme une garantie de respiration, semaine après semane.

Je me pose souvent la question de l'indentité et de l'engagement, de l'appartenance à un groupe aussi. Là, chaque lundi soir, pendant une heure quinze, j'oublie tout ce que je suis pour m'engager totalement, terriblement maladroitement mais pleinement là, et je ne suis plus que celle là : celle qui danse.

25 mai 2013

Mai

 

rabaissement

Un homme

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Mai

Qu'est-ce qui a été le déclencheur? Les deux romans de Philippe Roth lus coup sur coup? Ou bien les préoccupations qui étaient miennes ont-elles fait qu'instinctivement, je me suis littéralement jetée sur Philippe Roth?

 

En tout cas, je suis depuis quelques mois, ou quelques semaines, je ne sais plus très bien, hantée par une idée que je peux grossièrement intituler 'vieillesse et déchéance des corps'.

Je n'ai de cesse de me regarder dans le miroir, de guetter les signes du temps et pire encore, partout et en toutes circonstances je lorgne les visages et les corps des gens, et essaye de deviner si, malgré leur 'âge' ils sont heureux. Si les femmes se sentent encore capables de séduire, par exemple. Oui, la séduction, je crois que cela aussi me taraude. Y a-t-il un jour où tout cela s'arrête pour de bon?

 

Mai

Le Kunstenfestival des arts et deux spectacles de danse l'un après l'autre. Pierre Droulers, qui me laisse une impression mitigée quoi que pas désagréable mais surtout Partita II, avec Anne Terasa de Keersmaeker et Boris Charmatz, avec un solo de Bach en prélude, puis en silence, puis ensemble avec les danseurs. Dans ce spectacle, on nous livre à l'obscurité, pour que nous puissions mieux entendre. Et puis on nous offre le silence, pour que nous puissions mieux voir.

Anne Teresa est cette jeune fille de 50 ans dans une robe noire fluide et des baskets de couleur vive aux lacets fluos.

Boris Charmatz est ce puissant jeune homme aux boucles châtains.

Ensemble, ils réécrivent avec leurs corps la musique de Bach, fidèles à sa précision mathématique tout comme à sa puissance émotionnelle. Ils sautillent, courent, corps qui se cherchent et se trouvent, se frôlent, regards au sol où qui cherchent le ciel.

 

Je ne me souvenais plus d'avoir vécu un tel moment d'éternité devant un spectacle. J'aurais voulu que cela dure des heures tant je me sentais être entrée dans la pure beauté.

 

Mai

 

Ne tient pas ses promesses. On entend de toute parts le ras-le-bol de la pluie, du froid. Moi je pense avec horreur que dans quatre petits mois, ce sera déjà l'automne.

 

Mai

 

Je reste obsédée par cette idée de faire le vide autour de moi. L'autre jour, j'ai procédé à un grand tri, enfin un début de tri, j'ai jeté de vielles choses ou d'autres objectivement encore très convenables mais dont, d'une manière ou d'une autre, je ne voulais plus ; et je m'en suis sentie merveilleusement bien. A mon sens ; 'less is more' est l'une des expressions les moins galvaudées qui soient et reste une sorte de leitmotiv dans plein de domaines de mon existence.

Paradoxalement, (mais est-ce bien un paradoxe?) j'ai rêvé une fois de plus que je découvrais soudain que ma maison comportait bien plus d'espace que je ne le croyais. En comptant, je réalisais que je pouvais non seulement y loger 14 personnes mais qu'en plus, toutes les pièces étaient pourvues de placards, de commodes et autres armoires et j'étais terriblement excitée d'avoir enfin de quoi tout ranger.

 

21 avril 2013

Burning in, Burning Out

 

 

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Deux explications, deux possibilités.

Soit je suis dans le total burn out ; soit je me trouve véritablement dans une problématique de type 'une chambre à soi'.

 

Explication une : le burn out

 

Liste trop longue de choses à faire dans trop de domaines : ménagerjardiniercuisinierbricolageenfantssirtiesauthéâtreenviedevoirdesamisdumondemereposermépanouirfairedesprojetspersonnelsécritureVIVREcréermeréalisertravailler et m'y perdre tant et tellement qu'au final je ne sais plus comment m'y prendre, par quel bout attaquer ma vie, par où commencer et éprouve en permanence un envahissant sentiment d'ECHEC.

Et puis les critiques récriminations et exigences : 'Pourquoi, toute artiste et bohème qu'elle est, ne profite-t-elle pas précisément de ces talents-là pour nous donner quelque chose de whaw?'

Parce que mon art est mon art et que ma vie au travail avec vous tous, c'est une autre chose et que, crois moi, tu ne VEUX rien avoir affaire avec mon art, Boy.

 

Explication deux : la problématique woolfienne.

 

Je suis incapable d'obtenir (principalement parce que je suis incapable de la demander) une chambre à moi.

Or, en y réfléchissant un peu, ce n'est pas vraiment d'un espace défini par quatre murs ou un quelconque lieu géographique dont j'ai besoin mais un endroit (espace-temps) ; peu importe où et peu importe comment, où je peux me réfugier et exiger de ne pas être dérangée.

Ce lieu pourrait être, par exemple, le lieu de l'écriture, assumée et affirmée comme un moment où je suis totalement indisponible pour les autres et que cela soit une évidence. Je peux y avoir 'droit' ; je n'ose pas le 'réclamer'.

 

J'ai un besoin urgent de mettre de la beauté autour de moi.

 

Un constat : j'ai passé tant et tant d'heures et de soirées entières sur des sites et blogs tout azimuts, tous domaines confondus, me suis confrontée dans arrêt à des dizaines de personnes (surtout des femmes) qui écrivent, cuisinent, photographient, lisent, fabriquent, élèvent des enfants ou voyagent et tout cela tellement MIEUX que moi.

Mais Fuck, hein. Fuck les comparaisons. Ici est ma place et ma liberté.

 

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4 avril 2013

Un été sans les hommes

 

été sans les hommes

Certains d'entre nous sont destinés à vivre dans une case dont il n'est de libération que temporaire. Nous autres aux esprits endigués, aux sentiments entravés, aux coeurs arrêtés et aux pensées réprimées, nous qui aspirons à exploser en un torrent de rage ou de joie ou même de folie, mais n'avons nulle part où aller, nulle part au monde parce que nul ne veut de nous tels que nous sommes, et il 'n'y a rien d'autre à faire qu'embrasser les désirs secrets de os sublimations, l'arc d'une phrase.....mais il faut que viennent de nous quelque bruit et quelque fureur, quelques éclats de cymbale dans le vide.

 

'Un été sans les hommes.'Siri Hustvedt.

 

Je lis, je lis, je lis.

 

Ce roman, par exemple. Qui sous certains aspects ressemble à un essai, mais c'est bel et bien un roman. Mia, 55 ans, poétesse de son état, est au désespoir lorsque son mari lui annonce qu'il veut faire une 'pause' suite à sa liaison avec une jeune femme, sa cadette de vingt ans . Après un séjour en hôpital psychiatrique, Mia décide d'aller séjourner quelques temps dans le Minesota, non loin de la maison de retraite où réside sa mère. Là, elle donne des cours d'été en poésie à un groupe d'adolescentes, se lie d'amitié avec sa voisine ; toute jeune mère de deux enfants en bas âge, et fréquente intimement les amies de sa mère.

Même si le ton est quelques fois agaçant (un peu trop 'didactiquement féministe', si je puis m'exprimer ainsi, d'où l'impression parfois qu'on a affaire à un essai) ; cette confrontation de cette femme d'âge mur avec les autres stades de la vie de femme est particulièrement bien traité. Mia fait le bilan, Mia se souvient, Mia se projette.

 

Cela me touche.

 

Aujourd'hui, lors d'une sortie avec les enfants dans un musée bruxellois très fréquenté, j'ai beaucoup observé les femmes, les enceintes, celles allaitant leur bébé, ( cette part de ma vie qui n'est plus) , mais aussi les plus âgées que moi, les ridées, les adolescentes, les grand-mères.

 

L'autre jour, ma mère au téléphone évoquait son anniversaire tout proche. Elle disait qu'au fil du temps, on gagnait une plus grande connaissance des choses et aussi une certaine sagesse mais qu' émotionnellement, on restait la même. Qu'on pleurait pour les mêmes choses et qu'on riait pour les mêmes conneries. Depuis, j'y pense souvent, et aujourd'hui en particulier, en croisant le regard de toutes ces femmes, ça me paraît criant de vérité.

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30 mars 2013

Limonov - Emmanuel Carrère

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En entamant ce livre, je n'avais que très peu d'idées sur qui était Edouard Limonov. Je le savais russe, dissident politique et écrivain.

J'étais par contre déjà bien familiarisée avec l'oeuvre de Carrère ; dont j'apprécie tout particulièrement les ouvrages mélangeant investigations sur la vie des autres (la majorité de ses livres pourraient bien s'appeler 'D'autres vies que la mienne' ) et auto-fiction.

 

Limonov suit cette lignée même si cette fois, Carrère s'attaque à un fameux gros morceau! Car ce Limonov est un sacré personnage : né en Russie en 1943, fils de soldat, tour à tour poète sans le sou, immigré aux Etats-Unis et serviteur d'un milliardaire, soldat volontaire pendant la guerre des Balkans, prisonnier, auteur reconnu et candidat aux élections présidentielles russes en 2012.

 

D'emblée, Carrère annonce qu'il lui sera impossible de juger l'homme, 'héros' de son récit. Qu'il restera jusqu'au bout incapable de décider si Limonov est un héros ou un salaud.

L'enquête est minutieusement menée, très bien documentée et les faits sont relatés avec une clarté dépouillée de tout jugement.

Ainsi, en ayant l'air de ne pas y toucher, Carrère sonde en finesse et en profondeur, à partir de ce qui semble être un simple énoncé de faits, l'âme de son protagoniste. Son regard semble en faire le tour à 360 degrés ; l'aborde par des angles énormément variés et nous le livre dans une infinie complexité mais dans un style ultra limpide.

 

Les digressions auto fictionnelles de Carrère ne font à mon sens qu'humaniser encore plus à la fois le personnage (Limonov) et l'auteur.

Je ne suis pas devenue 'pro' ni 'anti' Limonov, mais j'avoue avoir été complètement happée par le personnage, il m'a complètement fascinée tout au long des 488 pages de ce récit.

 

Et cet ouvrage ne fait que confirmer mon admiration pour Emmanuel Carrère. Je le recommande chaudement.

24 mars 2013

Sunday mood

 

 

Sentiment, ces derniers jours, et à force de lassitude, de m'être sentie littéralement vieillir, ou plutôt d'être arrivée à un point de non retour où je sens/vois/constate à quel point le temps passe et combien il m'est désormais insupportable de consacrer mon temps, mon énergie et mon attention à ce qui ne me nourrit pas.

Peur de devenir aigrie et frustrée et que cela se voit, sur mon visage et dans mes attitudes. Peur de devenir grise et triste.

Et puis l'autre jour, comme je suis du genre à changer très vie d'humeur, je me suis au contraire surprise à me sentir très jeune, et, comme c'est typiquement le cas les jours où je suis heureuse, j'ai trouvé des tas de gens très beaux. Surtout des filles, des femmes.

 

L'autre matin, mon Grand était étonnamment dépourvu d'états d'âmes lorsque nous l'avons conduit sur le lieu de son hike nutons. Il a lui-même tenu à tirer sa valise, a dit bonjour à tout le monde et nous a à peine regardés quand nous l'avons quitté. Juste avant, à la maison, je venais de remplir une fiche médicale et une autorisation parentale pour ledit hike.

A la fin du questionnaire, il y avait cette rubrique 'Remarques éventuelles'. J'ai pensé écrire quelque chose comme 'Mon Grand est distrait, rêveur, oublierait une jambe ou un bras si cela était possible, alors s'il vous plaît prenez bien soin de lui, maternez-le, aimez-le, ne vous agacez pas de ses petits travers, prenez le avec humour et patience. Je vous confie la prunelle de mes yeux.'

A la place de quoi j'ai simplement écrit 'Néant'.

 

 

22 mars 2013

Le 7 mars 2013

 

La première impression que j'ai du jeune auteur à succès est son sourire, son air surpris derrière la porte du taxi.

On m'avait prévenue, je l'avais vu moi même en photo, mais cela me frappe malgré tout, et surtout malgré moi : le jeune auteur est beau, très beau.

Mais il paraît fatigué, mélancolique même.

Pas très à l'aise dans son beau physique. Il donne un peu l'impression qu'il ne sait pas quoi faire de lui-même. Je crois qu'il aimerait s'allonger là, sur le sol, et dormir.

Mais il va devoir pour la cent vingtième fois depuis six mois, s'asseoir devant les caméras, sourire, parler de son roman, se préparer aux éloges et aux critiques et forcément, par là, donner foi à son succès, répondre de la qualité littéraire de son livre.

 

Le jeune auteur ne s'attendait pas à cette notoriété soudaine, cette déferlante de voyages, de rencontres, d'interviews.

Il est excessivement bien élevé alors il joue le jeu et sourit.

 

Pris en flagrant délit de fatigue, il s'affale légèrement sur son siège, et s'excuse quand on le lui fait remarquer.

Il tâte à son bras un bracelet en corde ; l'enlève, le dénoue, le remet et avoue d'un air gêné qu'on le lui a offert (quelqu'un qu'il vient de rencontrer/quitter à Tel Aviv? Ou ailleurs?). En fin de compte, il le garde.

 

Je pense à ce que l'on vient de me chuchoter un peu plus tôt : qu'il a parlé de ses voyages; de la solitude des chambres d'hôtel.

Je n'ai pas envie de le malmener , d'autant que je l'ai vraiment aimé, au fond, son bouquin, mais la brièveté de l'interview fait que je ne sais pas aller au bout de ma pensée, au bout de mes questions, que je bute sur les limites des mots ; je voulais lui demander quel sens aurait eu sa vie sans l'écriture ; lui dire que j'étais passablement fâchée contre ceux qui ont dit de son roman que c'était une pâle copie d'un grand romancier américain car je suis la preuve vivante que l'on peut aimer un grand romancier américain et aussi un jeune auteur à succès, que je ne suis pas du genre à bouder mon plaisir, que je déteste cette façon de classer les choses dans la grande ou la petite littérature.

Quand la rencontre se termine, j'ai l'impression un peu confuse d'avoir pris trop de place, parlé trop fort, trop vite ; de ne pas avoir dit ce qu'il fallait dire.

 

Or, il se lève; puis très soudainement dit qu'il s'en va, me colle deux bises dont l'une cogne un peu. Je pense furtivement à la manière très contemporaine dont le temps est fragmenté, et dont la pensée et la parole, par conséquent, le sont aussi. Et de la frustration que cela engendre chez moi.

 

J'ai envie de le serrer dans mes bras pour le rassurer, le consoler un peu et lui dire que tout ira bien. Mais cela ne se fait pas : les circonstances, la bienséance, ses autres obligations immédiates, ma pudeur, le respect de la forme voire d'un certain 'protocole' aussi, font que je m'en abstiens.

Il me touche terriblement, mais cela 'ne se montre pas'.

 

Je pense à l'inviter chez moi, lui faire la cuisine et le mettre à table avec mon compagnon et mes enfants.

 

Le jeune auteur à succès est né le 16 juin 1985 ; moi le 15 juin 1975. Dix ans tout juste nous séparent.

A 27 ans, le soir, à Bruxelles, j'allais au théâtre, boire des verres jusqu'à pas d'heure dans les bars, refaire le monde avec mes amis.

Je pense à tout cela quand je le regarde déplacer son beau physique un peu maladroit pour aller récupérer bravement sa grosse valise. Je pense que 27 ans, c'est bien jeune pour passer sa soirée dans une ville inconnue, signer des dédicaces et rentrer seul dans sa chambre d'hôtel.

 

Le lendemain, la partie midinette de moi-même regrettera de ne lui pas avoir fait dédicacer son livre.

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